S/c
à Mr Serge Blisko, député-maire du 13 ème
Mme Nicole Borvo, sénatrice
Mr Le Guen, député
Mesdames
et messieurs les conseillers-ères
d’arrondissement
Mesdames et messieurs les élus-ues du 13ème
arrondissement,
Notre arrondissement abrite plusieurs foyers de travailleurs migrants.
Un
réseau de soutien regroupant plusieurs
associations, organisations politiques ou syndicales et individus s’est
organisé depuis plusieurs années avec les résidents et comités de résidents de
ces foyers. Pour les participants à ce réseau il s’agit d’être solidaires des
habitants de ces foyers.
Ces
résidents des foyers sont dans leur immense majorité des travailleurs
originaires de l’Afrique de l’Ouest très exploités et très précarisés ; ils
vivent dans ces foyers seuls, sans leurs familles restées au pays. C’est leur
organisation en mode de vie solidaire qui leur permet de se serrer les coudes,
d'aider leurs familles dans les pays d'origine et d’y financer des projets de
développement. Ils sont ainsi des
acteurs de développement, des citoyens à part entière de notre arrondissement
et par conséquent doivent être respectés et traités comme tels.
AUJOURD’HUI les résidents de ces foyers rencontrent 3 grands problèmes.
1er problème : la vétusté et le délabrement de leurs foyers
Dans le 13ème arrondissement, les foyers
de Chevaleret 63 (gestion Sonacotra), de Clisson (gestion CAS-Ville de Paris),
de Vincent Auriol (gestion Soundiata nouvelle) sont très dégradés. Les foyers
de Masséna (gestion CLJT), de Tolbiac (gestion CAS-VP), de Terres-au-Curé
(gestion Soundiata nouvelle ) et de Bellièvre (gestion Aftam) auraient besoin
d’une sérieuse rénovation.
Par ailleurs, un énorme retard a été pris dans les
réhabilitations programmées dès 1997 (! !) dans le cadre du
« Plan Quinquennal de traitement des foyers ». Les réhabilitations,
qu’elles soient déjà opérées ou non, sont scandaleusement en deçà des
besoins : le foyer Masséna, réhabilité, a gardé ses chambres à 3
lits ; le foyer Vincent Auriol qui va être réhabilité cette année va
connaître le même sort ; le foyer Sonacotra du 63 rue du Chevaleret avec
ses chambres à 3 lits et sa dégradation avancée pourrait être classé en
logement indigne et pourtant aucune date n’est annoncée pour sa
réhabilitation etc.
Les carences dans l’entretien et la maintenance
exposent les résidents à des risques en matière d’hygiène, de salubrité et de
sécurité : présence de rats, de cafards, de punaises, de souris, ventilations des douches et cuisines
inopérantes ou obstruées, sanitaires et canalisations hors d’usage, pannes
d’eau chaude, écoulements des eaux
usées inadaptés, absence de chauffage dans la cuisine collective du foyer
Vincent Auriol etc.
Le réseau de soutien s’est ainsi mobilisé pour que
les foyers de travailleurs migrants ne deviennent pas les nouveaux bidonvilles
de nos quartiers.
2ème problème : le montant des
redevances
Les redevances sont dans l’ensemble très
élevées : 206 € par lit et donc par personne dans une chambre à 3 lits au
foyer Masséna (25m²) ; 330 € pour une chambre à 1 lit au foyer Clisson
(9m²) etc. Dès que le salaire d’un résident dépasse le SMIC, les aides (ALS ou APL) sont très
faibles et très vite nulles, ce qui donne un « taux d’effort »
(rapport redevance/revenu) trop élevé et très dur à supporter pour des
résidents qui doivent subvenir aux besoins de nombreuses personnes dans leur
pays d’origine et financer les projets de développement villageois.
Il y a là aussi à proposer des mesures pour modérer
les redevances et le dit « taux d’effort ».
3ème problème : la suroccupation
Aujourd’hui,
les capacités d’accueil des foyers ne répondent plus à la demande et la crise
du logement à Paris les touche en premier. De nombreux jeunes sont arrivés au
cours des années 90 et un certain nombre ont obtenu leurs papiers, venant ainsi
grossir le nombre des résidents surnuméraires attendant, sur un matelas posé à même
le sol, un hypothétique logement en foyer ou en HLM.
Les travailleurs immigrés originaires d’Afrique de
l’Ouest sont les plus touchés par ce phénomène. Ils s’entassent donc dans leurs
foyers où la suroccupation est quasi générale. Les foyers du 13ème
sont dans ce cas.
Face à cette situation la Sonacotra préfère jouer la carte de la menace et de la
répression : elle a envoyé aux
résidents du 63 rue du Chevaleret des
mises en demeure pour hébergement supposé de surnuméraires (juin 2003 et septembre 2004). Elle a fait faire, en
décembre 2003, un contrôle d'occupation par des huissiers avec un déploiement démesuré de forces de police
pour traquer la suroccupation. Sans doute faut-il s’attendre maintenant, comme
la Sonacotra l’a déjà fait dans d’autres foyers, à des référés en justice pour
obtenir l’expulsion hors du foyer des résidents qui hébergent leurs proches.
C’est sa manière à elle de régler le problème de la crise du logement.
Pour manifester son soutien aux résidents des foyers
du 13ème, pour demander une accélération des réhabilitations et un
entretien dignes de ce nom, pour demander une vraie politique de logement des
gens à faibles revenus en région parisienne, pour protester contre la politique
répressive de la Sonacotra, le réseau de soutien du 13ème
arrondissement, avec les comités de résidents, la coordination des foyers du 13ème
et le comité de coordination des foyers
Sonacotra, a organisé le 20 novembre 2004 un rassemblement devant le foyer
Chevaleret suivi d’une manifestation jusqu’au centre commercial de la place
d’Italie.
Dans ces manifestations, la présence des élus du 13ème
avec en tête son maire, Mr Blisko fut très remarquée et appréciée. Merci à vous
tous.
Dans cette manifestation, les résidents ont scandé
plusieurs mots d’ordre dont : « liberté, égalité, fraternité »
mais aussi : « on veut des
foyers, on veut des logements, on veut vivre en paix » ce qui pour nous
exprime, on ne peut plus clairement, la revendication du droit au logement pour
tous.
Le pays se doit de répondre à cette revendication en
augmentant l’offre de logements adaptés que ce soit en logement HLM
classique pour un regroupement familial, pour un célibataire ou pour une
co-location, que ce soit en habitat collectif.
Il faut alors débattre de ce que devraient être les
futures structures d’habitat collectif.
Tout le monde dénonce la relégation dont ont été
victimes les foyers, la petitesse des chambres où l’on peut être 2 ou 3, le
montant des redevances, le mauvais entretien ... Il est clair qu’il faudra
changer toutes ces données.
Il en est une
qu’il faut changer tout de suite : c’est l’absence de droits, le
paternalisme, l’autoritarisme, le manque de culture de dialogue et de
négociation de certains gestionnaires.
Ainsi, le comité de résidents du foyer Masséna
attend toujours une réunion de concertation avec son gestionnaire.
Au foyer 63 rue du Chevaleret, la Sonacotra utilise
un protocole des années 70 (nous vous le joignons pour que vous le compariez
avec tout ce qui existe aujourd’hui en France). Elle raye d’autorité sur la
liste que l’actuel comité de résidents propose aux élections, le nom d’un des
délégués les plus actifs, le président du comité, le vice-président de la
coordination ; et cela, alors que la même Sonacotra encaisse les
redevances de ce délégué et jusqu’à présent l’a accepté dans toutes les
réunions de négociation.
Une brimade donc.
Un protocole d’élections et un règlement intérieur
d’un autre âge.
C’est pourquoi nous pensons qu’il y a urgence à organiser concrètement la solidarité avec les habitants de notre arrondissement qui vivent en foyers
-
pour
les soutenir dans toutes leurs actions qu’ils mènent pour le développement de
leurs régions d’origine ;
-
pour
mettre en place avec eux toutes les
pratiques participatives possibles et renforcer celles qui existent déjà ;
de même pour toutes les pratiques de concertation ;
-
pour
débattre de l’avenir des foyers dans le 13ème, des réhabilitations
faites et à faire et du relogement de ceux qui n’ont pas de chambre ou qui vont
la perdre du fait des réhabilitations (plusieurs centaines rien que pour
l’arrondissement) ;
-
enfin pour intervenir de concert dans le débat sur
le projet de loi « Habitat pour
tous » qui se prépare en ce moment pour que les travailleurs migrants des
foyers soient pris en compte avec respect, que les foyers actuels puissent être transformés en réels logements
collectifs de qualité avec un statut rapprochant leurs habitants du statut de
locataire.
que
le dossier de desserrement de Vincent Auriol soit traité de bout en bout et
qu’au besoin soit reconsidéré la possibilité de desserrement sur l’immeuble
voisin ;
·
des
interventions à l’Assemblée nationale et au Sénat, dans le cadre de la discussion
du projet de loi « Habitat pour tous » pour faire progresser les
droits des résidents, modérer les redevances et augmenter l’offre de logements
adaptés et leur qualité ;
·
une
mobilisation plus importante de la « commission foyers » du 13ème
et que sa composition et ses travaux soient largement diffusés ;
·
l’organisation
d’un « forum foyers » en mairie avec tous les acteurs concernés,
élus-es, institutionnels, représentants des résidents, des gestionnaires, des
propriétaires, réseau de soutien...etc.
·
des
interventions auprès des gestionnaires (CLJT et Sonacotra en particulier) pour
que s’installent durablement les pratiques de concertation et de dialogue.
copie au Maire de Paris
au Ministre du logement
à
la CILPI
Pour le réseau de soutien, à Soundiata
nouvelle
Dominique Blanchard à Sonacotra
à CLJT
2ème version