6 °) Rochebrune

Expo en plusieurs panneaux bien illustrés: Histoire de Rochebrune + projet «Eau » de l’ACDS.

Table ronde :Adjointe au Maire Muriel Casalaspro, Délégués du foyer Mamadou Cissé, Abdoulaye Kanouté, Moussa Cissoko…., Représentants de l’ACDS Mamadou Kamissoko et Madeleine Lopez, Vidéaste Jamshid Golmakani, Représentant de l’Association « Attention Chantier », Représentant des Maliens de Montreuil Mamadou Sylla et Madikougné Konaté, délégué du foyer Romainville et membre de la Coordination des délégués des foyers Aftam-Coallia.

Animation : Julie Brossard du COPAF

Débat - Comment préserver le foyer comme centre culturel et solidaire ?

Introduction :

Nous sommes, en 2012, au cœur du Plan de Réhabilitation des Foyers en Résidences Sociales, mis en place par l’État dés 1997. Force est de constater aujourd’hui, que le passage du foyer à la résidence sociale, passe souvent par la suppression des espaces collectifs (salles de réunion, pourtant indispensables pour les résidents, les délégués, les associations de développement ou pour les associations du quartier, cuisine commune, espaces pour les artisans : forgerons, coiffeurs, tailleurs, etc.


L’intention de la Fête des Foyers 2012, concernant le foyer Rochebrune, est de revendiquer le maintien des espaces collectifs au sein du foyer et dans un projet futur de réhabilitation. Comment travailler avec les pouvoirs publics pour que les résidents soient associés aux projets de réhabilitation ?

Nous voulons montrer que ces espaces collectifs dans les foyers, s’inscrivent dans la vie d’un quartier, contribuent à faire vivre une ville, parce qu’ils sont des espaces de vie et sont une rencontre avec la culture africaine. Il y a donc une dimension culturelle du foyer. D’autre part, les activités de développement qui existent parce qu’il y a des espaces collectifs, sont des ponts avec les villages des pays d’origine et assurent une fonction de solidarité. Solidarité qui est présente de façon quotidienne dans le foyer, notamment dans le système de repas préparés dans la cuisine commune.

Nous sommes ici pour valoriser cette dimension culturelle et solidaire du foyer et permettre la reconnaissance de la richesse et surtout de la légitimité de ces espaces collectifs.


RochebrunePresentations images par Jamshid Golmakani


1. Synthèse du débat

Plusieurs associations, comme celle des jeunes du foyer, l’association Mandela, utilisent les salles de réunion du foyer pour préparer leurs activités et mobiliser les forces vives qui agissent sur le quartier.

Les délégués ont un rôle indispensable de diffusion d’information au sein du foyer, puisqu’ils sont les interlocuteurs directs entre le bailleur et les résidents. Or, concernant le foyer Rochebrune, un certain nombre de questions soulevées par les résidents concernant l’avenir du bâti lui-même et de sa possible transformation en résidence sociale dans un avenir proche, semble pour le moment resté sans réponse. A l’initiative des délégués, des entrevues avec le bailleur ont été sollicitées, sans succès pour le moment et c’est à ce titre, que Mme Casalaspro, de la Mairie de Montreuil, est interpellée sur sa possible intervention auprès du bailleur, afin d’obtenir ces réponses.

En effet, si réhabilitation il y a, les résidents et leurs délégués s’interrogent sur la disparition des espaces collectifs tels qu’ils les connaissent actuellement : cuisine commune, salle de réunion, petits commerces et ateliers de couture et forge. Les résidents affirment que ces espaces et ces activités propres au foyer, sont au cœur de la vie d’un quartier et proposent un certain nombre de services à bas coûts, pour les habitants et les résidents eux-mêmes. De plus, ces activités représentent un gagne pain supplémentaire non négligeable pour les résidents, comme compléments de revenus. Enfin, elles sont l’expression d’une culture africaine, puisqu’elles constituent des fonds de solidarité, qui vont permettre d’initier des projets de développement dans les villages et ainsi favoriser leur essor et leur autonomie. Aussi un double problème est posé concernant la nature de la résidence sociale elle-même : d’une part, dans la disparition quasi systématique de ces espaces collectives – lieu de vie et d’expression de la culture africaine – et l’apparition d’une population mixte, dont le caractère n’est plus celui d’être, comme pour les foyers, travailleurs et migrants.



Rochebrune Débats images par Jamshid Gomakani


Les résidents, sur ce dernier point, soulèvent la question à plusieurs reprises, de la rencontre entre un public considéré comme très précaire, en voie d’insertion ou de réinsertion et des travailleurs migrants, qui seraient dans ce cas, assimilés à ce type de public. Que deviendraient les activités de solidarité (repas, couture, coiffure) propres au foyer ? La mixité des problématiques sociales et économiques dans un même espace d’accueil et d’hébergement, ne favoriseraient-elles pas l’apparition de tensions, voire de conflits ? Dans ce cadre, les résidents interpellent l’élue à la mairie sur la nécessité d’une concertation avec le bailleur, de façon à co-définir un projet futur et commun en termes de réhabilitation du foyer. Comment la mairie de Montreuil peut-elle aider à l’ouverture du foyer sur le quartier et à la lutte contre la ségrégation et la ghettoïsation habituelle ?

Au-delà, du problème de la disparition des espaces collectifs au sein de la résidence sociale, quelle mesure est envisagée pour le relogement des sur-occupants du foyer ? A Rochebrune, le nombre de personnes hébergées, excède sa capacité initiale de moitié. Est-ce la Mairie de Montreuil qui va assurer le suivi de ces sur-occupants et de leur relogement dans un projet futur de transformation du foyer ? Mme Casalaspro, réaffirme l’engagement de la mairie de Montreuil auprès des résidents du foyer, sans pour autant pouvoir se positionner immédiatement sur cette question, qui doit être débattue avec le gestionnaire et les principaux acteurs publics, pilotant les projets de réhabilitation des foyers.

La question du prix des loyers, qui augmenteront nécessairement lors de la transformation du foyer en résidence sociale, inquiète l’ensemble des résidents, qui accusent déjà depuis plusieurs années, l’augmentation du prix des redevances et des charges et voient la gestion et l’entretien du bâti reléguée au second plan.

Pour conclure, l’avènement futur de la transformation du foyer en résidence sociale pose un certain nombre de questions, qui doit pouvoir s’exprimer dans une concertation avec les résidents, le gestionnaire (Coallia) et la Mairie de Montreuil. Le maintien des espaces collectifs s’avère être primordial, ainsi que la résolution de la question du relogement des sur-occupants du foyer. La volonté des résidents est maintenant, de s’inscrire encore plus dans la vie de leur quartier et de fédérer des alliances parmi les habitants, en vue d’une reconnaissance globale de la nécessité d’un lieu de vie spécifique et adapté à la situation de tous ces travailleurs migrants.

(compte rendu-Julie Brossard)