4°) La Noue Foyer Adoma, 6 place Bertie Albrecht, 93100 Montreuil
Problèmes rencontrés par les
résidents de ce foyer et comment améliorer la vie et les droits des
vieux migrants.
Présents : Geneviève Petauton
du Copaf et Ali El Baz de l'ATMF (animateurs), Abdou Ndiaye de l'Adoma,
deux vidéastes, trois voisins (Brigitte, Gérard Andréani et Martine
David) une vingtaine de résidents.
Le foyer La Noue est un foyer-tour classique avec une seule porte
d’entrée, un hall plein de boites aux lettres aux-normes-européennes,
13 étages avec une collection de chambrettes de 9 m² , des cuisines,
douches et WC communs … bref le foyer tel qu’il a été pensé au début
des années 70 pour y entasser le maximum de travailleurs censés
repartir « chez eux » très vite et surtout pour contrôler les entrées,
les sorties, les rencontres, les réunions… donc pour installer un
contrôle social très fort.
Ce type de foyer appelé « foyer-prison » a été abondamment dénoncé par
la lutte des résidents des années1974 – 1980. Pourtant, au foyer La
Noue, on a toujours cette même impression d’être enfermé dans un lieu
sans vie. De plus, il n'y a pas de délégués dans le foyer. Des
élections sont prévues fin de l’année 2012 et l’on attend avec
impatience la constitution d’un conseil de concertation pour aider à
avancer vers des solutions.
La discussion a lieu dans un contexte particulier : plus de salle de
réunion au foyer La Noue sauf cette petite salle, sans chaises, d'une
vingtaine de m² où l’on va devoir s’entasser. Les espaces collectifs
ont été récupérés par l'Adoma pour ses besoins techniques et
administratifs.
La première partie de la discussion a permis aux résidents de se
rencontrer, de se connaître et d'exprimer leurs nombreuses doléances.
La vie dans ce foyer est décrite dans des termes catastrophiques !!!
D’un côté, les plaintes sont identiques : redevance beaucoup trop
élevée (416 € pour 9m²) ; entretien défaillant ; cafards et autres
nuisibles ; fuites trop nombreuses ; pannes d’ascenseurs ; absence de
cafétaria et de salles ; assujettissement aléatoire à la Taxe
d'Habitation ; APL peu rémunératrice pour les travailleurs pauvres ;
manque de concertation …
D’un autre côté, les plaintes sont différentes, correspondant à deux
modes d’occupation des lieux différents : les jeunes Maghrébins,
étudiants, stagiaires ou travailleurs, se sentent un peu déclassés par
leur présence dans le foyer. Ils cherchent à quitter les lieux et se
plaignent surtout des mauvaises conditions de vie. Leurs Anciens sont
choqués par le mauvais entretien du foyer et la petitesse des chambres,
ils sont très inquiets de voir des intrus dans leur foyer venir se
doucher ou même dormir. Ce thème est récurrent.
Pour les travailleurs africains, La Noue n'est pas un "vrai" foyer car
il n'y a pas d'espaces ou activités collectives, pas d’activités
collectives, en particulier pas de cuisine collective.
Abdou Ndiaye, représentant de l'Adoma (gestionnaire) au niveau
Ile-de-France a essayé de répondre tant qu'il pouvait au portrait
cataclysmique présenté par les résidents.
Ensuite, Ali El Baz intervient sur les problèmes spécifiques des
résidents âgés et sur le scandale des contrôles tous azimuts qui font
des retraités des fraudeurs et les condamnent de fait à quitter la
France sans pouvoir bénéficier des droits acquis. Son intervention est
applaudie. M. N’Diaye de l’Adoma est réintervenu sur la question des
chambres partagées.
Les interpellations des résidents sont presque toujours centrées sur
les problèmes du foyer. Le sentiment dominant à la fin est que la
discussion a été utile mais que ce n'est que le début d'une
réappropriation des enjeux par les résidents. Les voisins venus en
soutien aux résidents interviennent aussi dans ce sens.