POUR CONSERVER L’ASSOCIATION
GESTIONNAIRE SOUNDIATA NOUVELLE :
APPEL DU COMITE CENTRAL DE
COORDINATION DES RESIDENTS, DES SYNDICATS DE SALARIES ET DU COPAF
Face à une situation économique préoccupante et face
à un manque de visibilité dans l’avenir, le Conseil d’administration de
l’association Soundiata-Nouvelle, gestionnaire de 21 FTM (foyers de
travailleurs migrants) dont 19 en Ile-de-France, a décidé fin 2005 de
« déposer le bilan ». Le 08 décembre 2005, le TGI de Paris a ouvert
une procédure de redressement judiciaire et a nommé un administrateur
judiciaire qui a la tache d’accompagner l’association, de chercher des
solutions et de présenter au TGI le 09 mars 2006 un plan de redressement. A
cette date, le juge peut renouveler la phase d’observation pour 3 mois mais s’il
estime que le plan n’est pas viable, il peut aussi prononcer la liquidation
judiciaire.
C’est pourquoi nous les délégués des résidents
regroupés dans le Comité central de coordination, nous les syndicats de
salariés et le Copaf, nous sommes réunis le samedi 04 février 2006
pour étudier la situation et nous mobiliser ensemble pour trouver une solution
qui permette à la Soundiata-Nouvelle de continuer d’exister. Nous voulons que
tout soit fait pour éviter la liquidation judiciaire. Nous vous faisons part de
notre réflexion et de nos propositions.
POURQUOI EN ETRE ARRIVE
LA ?
Aujourd’hui les décideurs (institutionnels et
politiques) pointent du doigt le phénomène de la suroccupation.
Nous reconnaissons qu’il y a effectivement
suroccupation dans les FTM d’Ile-de-France, suroccupation qui est le fait en
grande partie de travailleurs immigrés réguliers (autorisation de séjour,
impôts, travail…) mais qui se retrouvent sans logement. Ce phénomène n’est pas
récent. A des niveaux différents, il a toujours existé dans les FTM mais les
élus et les décideurs s’en sont largement désintéressés. Ensuite il faut
remarquer que, si la suroccupation occasionne effectivement des surcoûts dans
les foyers, ce n’est pas le seul facteur. Si l’on étudie la situation
financière de chaque foyer on se rend compte que des foyers, à suroccupation
égale, peuvent être soit déficitaires soit en équilibre et que les foyers les
plus déficitaires sont les foyers qui ont de nombreuses ou toutes leurs
chambres à plusieurs lits. Le surcoût dû à la suroccupation doit donc être
relativisé et replacé dans de justes proportions.
En effet, depuis 40 ans que les foyers existent, les
pouvoirs publics ont laissé les gestionnaires livrés à eux-mêmes, sans
contrôle. Tant qu’il y a eu un semblant de paix sociale, tout le monde a fermé
les yeux sur ce type de logement, aucune autre solution de logement n’a été
proposée et l’accès au logement social ordinaire est resté quasi impossible
pour les résidents des foyers. Par conséquent les résidents ont dû héberger
leurs proches sans logement pour ne pas les laisser dehors. Ils se sont ainsi
privés d’intimité et de confort alors que le désir profond de tout être humain
est d’être bien logé avec un espace privatif correct. Ainsi l’Etat n’a pas rempli
son rôle d’assurer un logement pour tous. Les gestionnaires et les résidents se
sont substitués à l’Etat en carence sur ce point.
Les décideurs pointent également du doigt la
mauvaise gestion de l’association.
Au niveau interne de Soundiata-Nouvelle, nous
reconnaissons qu’il n’y a pas eu une grande transparence dans la gestion. Par
exemple, l’intervention de certaines entreprises extérieures n’a pas été
vraiment soumise à concurrence ni sérieusement contrôlée. De bonnes idées ont
été lancées mais sont souvent restées théoriques, elles n’ont pas été mises en
pratique ou l’ont été sans suivi et sans bilan. Les résidents ont été trop peu
impliqués et de façon souvent brouillonne. Par exemple, une contribution
exceptionnelle de 7,50 € (par résident, par mois et sur 3 ans) en plus des
augmentations annuelles légales a été négociée en juillet 2004 entre le Comité
central de coordination et la direction mais il n’y a pas eu de vrai suivi, ni
foyer par foyer, ni avec le Comité central de coordination. Pourtant, ce Comité
a toujours montré sa volonté de travailler en partenariat non seulement avec le
gestionnaire mais aussi avec tous les autres acteurs ( Colloque de 1999 à
l’Assemblée nationale, Conseils de quartier, Table ronde à Paris ….).
Une gestion plus rigoureuse (Soundiata-Nouvelle a
quand même réduit, au maximum de ce qui est supportable, le nombre de ses
salariés) aurait sans doute permis de réduire les déficits.
Mais surtout ce qui reste pour nous la question
centrale, c’est que Soundiata-Nouvelle (née en 2001 de la fusion de 2
associations exsangues, l’ancienne Soundiata et Addresses) a hérité à sa
constitution d’une situation financière mauvaise : les montages financiers
des années 80, les prêts différés pour travaux faits par l’ancienne Soundiata,
les prêts concernant 5 foyers que leur propriétaire Logirep a vendus à la
Sonacotra en 2001 mais qui doivent être payés par Soundiata-Nouvelle, les
créances des résidents qui datent de l’ancienne Soundiata …. rien de tout cela
n’a été épongé et toutes ces dettes sont comptabilisées dans le bilan actif /
passif. Le refus de l’Anpeec de transformer en subventions au moins une partie
importante de ces prêts et l’impossibilité de régularisation d’arriérés très
anciens empêchent l’assainissement des comptes clients et participent largement
à la difficulté d’un retour à l’équilibre.
NOS
PROPOSITIONS
Nous voulons garder Soundiata-Nouvelle et conserver
la gestion et le patrimoine de l’association. Pour cela nous proposons :
1°) une forte réorganisation de la gestion permettant
une gestion de qualité mais aussi la diminution des frais fixes. Par exemple
revoir les frais de siège, l’exploitation des parkings et appartements,
l’organigramme de l’association à partir de la proposition – à discuter – des
salariés, externaliser le nettoyage –sous condition de qualité et de contrôle –
etc.
2°) revoir la gouvernance autour de 2 axes :
-
élargir
le CA avec des représentants des résidents, des salariés et d’un monde
associatif plus dynamique ;
-
installer
plus résolument la concertation et la transparence au cœur des relations avec
les représentants des résidents pour une meilleure adéquation entre les besoins
et les décisions, pour un meilleur contrôle et pour plus de responsabilisation
des résidents.
3°) un engagement des comités de résidents pour
travailler, en dehors de toute méthode répressive brutale, en partenariat avec
les politiques et les décideurs institutionnels pour :
-
mener
à bien les réhabilitations et trouver des solutions de relogement pour tous,
-
transformer
l’image des foyers (réduction de la suroccupation, diminution des activités
informelles et normalisation de celles qui peuvent l’être, propreté et
sécurité, promotion des activités culturelles et de développement,
participation aux instances municipales de démocratie de proximité etc.).
4°) un engagement fort de l’Etat pour conserver
Soundiata-Nouvelle, transformer en subventions la plus grande partie des prêts,
reconnaître le rôle social actuel joué par les FTM et enfin, au travers des
réhabilitations et de la multiplication de l’offre de logements, mener une
politique pour renforcer les droits des habitants et leur accorder le statut de
locataire.
FEVRIER 2006 Comité
central de Coordination (06, Syndicats des salariés (T/F 01 42 45 74 79), Copaf
(T/F : 01 46 06 09 69)