Pour une riposte aux DESCENTES DE POLICE
INADMISSIBLES DANS LES FOYERS
REUNION D'ORGANISATION en
vue d'une
FETE DES FOYERS DANS LE 11ème
ARRONDISSEMENT
Mercredi 22 mai 2002 à 19h
5, rue de la Petite Pierre,
Paris 11ème sous-sol
Le
mercredi 24 avril vers 7h du matin, plusieurs voitures de police se sont garées
devant le foyer SOUNDIATA, 5, rue de la Petite Pierre, Paris 11ème
(entre les métros Charonne et Alexandre Dumas).
Armés
d'une requête de justice datée du 11 mars 2002, un huissier, sa secrétaire, un
serrurier, le commissaire adjoint du 11ème arrondissement et une
quinzaine de policiers ont bloqué les résidents dans le foyer entre 7h et
11h30, interdisant tout accès ou toute sortie, empêchant de nombreux résidents
d'aller travailler, de rentrer chez eux, et barrant l'entrée du foyer aux amis
ou sympathisants venus voir ce qui se passait.
Ils
ont procédé à une fouille complète du
foyer, relevant les identités (cartes de séjour ou passeport) de tous ceux qui
se trouvaient à l'intérieur, notant les noms figurant sur la correspondance
trouvée à l'intérieur des chambres, cassant deux placards qui étaient fermés à
clef afin de fouiller l'intérieur. A un moment donné la tension a monté entre
les résidents et un des policiers. Car les policiers n'étaient nullement
mandaté pour procéder à un contrôle, c'était le travail de l'huissier. Leur
tâche était simplement de protéger celui-ci. Leur tâche était simplement de
"protéger" celui-ci. Les délégués des résidents se sont employés à
calmer le jeu.
Cette
fouille a provoqué la perte de plusieurs heures de travail pour plusieurs
résidents des foyers et constitue en soi une voie de fait, une
"séquestration en bande" selon les termes de la loi. Et aussi une
violation manifeste de domicile privé.
Pourquoi cette fouille?
Revenons
sur l'histoire du foyer. Géré par l'association "Nouvelle Soundiata",
le foyer est la propriété de la société Habitat Social Français. Une rénovation
du foyer a eu lieu entre septembre 99 et la rentrée 2000. La rénovation a été
effectuée par la société BOUYGUES. Certains résidents, ouvriers du bâtiment, se
sont étonnés de sa mauvaise qualité. Peinture appliquée sans lessivage ni
préparation, ventilations de la plus mauvaise qualité tombant en panne au bout
d'un mois, fuites apparaissant aussitôt dans les douches et dans les chambres.
Les résidents se sont plaints auprès de leur gestionnaire qui, à son tour, a
tenté à plusieurs reprises, et sans succès, d'organiser une rencontre avec le
propriétaire et BOUYGUES qui, en plus, n'a pas pris en charge convenablement le
"service après-vente" destiné à garantir la qualité des travaux
pendant un an suite à la réoccupation des chambres. BOUYGUES, afin de se
défaire de sa responsabilité, a prétendu que la suroccupation du foyer était
responsable des défaillances constatées. Dans la requête on prétend que 8
personnes occupent une chambre de un ou de deux lits!!, alors qu'en réalité
certaines chambres seulement hébergent une ou deux personnes de plus. Face à
ces allégations, le propriétaire n'a rien trouvé de mieux que de demander un
contrôle généralisé que le juge du Tribunal d'Instance a accordé sans convoquer
ni écouter les intéressés (gestionnaire ou résidents).
Qu'en pensons nous?
1)
Nous sommes consternés que le Plan Quinquennal pour la rénovation des foyers
d'immigrés, doté de 1,8Mds de francs par l'Etat, et qui a tant de mal à avancer
(il vient d'être prolongé pour encore 5 ans et au rythme de sa progression
actuelle, il risque de ne pas avoir terminé sa tâche au siècle prochain) soit
détourné de cette façon. Les foyers d'immigrés, laissés dans l'abandon depuis
30, 40 ou 50 ans ont un besoin urgent de réhabilitation et rénovation. Mais pas
avec un travail fait au plus bas prix. Et si la qualité des travaux effectués à
"Petite Pierre" par BOUYGUES est un signe, il s'agit d'un gâchis.
Qu'ils logent en "foyers de travailleurs" ou en "résidences
sociales", les ouvriers immigrés ont droit à un logement collectif de
qualité!
2)
La suroccupation des foyers est un véritable problème, mais sa solution ne
passe pas par des interventions policières intimidantes et provocatrices,
entraînant des abus de droit et le risque de violences inutiles. La cause de la
suroccupation est le manque d'offre de logements sociaux près des grands
bassins d'emploi, et surtout dans et proche de Paris. Sur cette question les
divers gouvernements (DROITE ou GAUCHE) ont largement désinvesti le logement
social depuis les années 70. Ils ont augmenté les facteurs de blocage par la
décentralisation, et n'ont jamais eu le courage politique d'impulser une
véritable politique volontariste de construction. En plus, sachant que les
résidents des foyers n'ont aucune chance d'accès à un HLM, que les sociétés
d'HLM refusent la colocation, que les divers gouvernements ne parlent que de
refus de construire tout nouveau foyer d'immigrés considéré comme des
"freins" à l'intégration, les responsables politiques contraignent
les gens à vivre en suroccupation dans des locaux mal entretenus et tenus à
l'écart du droit commun du logement. Est-ce ainsi qu'on encourage
"l'intégration" ?
3)
L'intervention policière et la surdité du propriétaire et du constructeur ont
perturbé un processus de dialogue et de concertation à propos de la
suroccupation qui était déjà entamé. La rénovation du foyer a été précédée par
la mise en place d'un "comité de pilotage" (avec mairie, préfecture,
résidents, gestionnaire et propriétaire) où la question de la suroccupation
avait été largement discutée. La Soundiata est en discussion continue avec le
Comité de Résidents et, ensemble, ils avaient trouvé un manière de gérer le
problème par la rotation des lits vidés par les résidents partis en vacances,
et par le paiement par l'ensemble des résidents des surcoûts générés. Le propriétaire de l'immeuble, la société
BOUYGUES, le commissariat du 11ème arrondissement, ont tous fait
abstraction de l'existence du Comité de Résidents du foyer qui doit être un
partenaire incontournable pour toute intervention dans la vie des résidents
d'un foyer.
4)
Cette fouille policière fait suite à une série d'autres interventions en
général demandées par les sociétés gestionnaires (AFTAM - Vitry Concorde, ADEF
- Poissy, Amandiers, Créteil, Reginaldo etc. etc.) toutes provoquées par le
même motif - contrôle de la suroccupation. Elle intervient en plus entre les deux
tours de l'élection présidentielle et comme un rappel d'une conjoncture qui
risque de devenir plus difficile pour les travailleurs immigrés (perspectives
d'un gouvernement de droite sécuritaire avec risque de renforcement des mesures
anti-immigrés, anti-réfugiés). Cette intervention est d'autant plus
inacceptable qu'elle sonne comme un rappel des vieilles méthodes autoritaires
qui maintenaient la population immigrée hors de l'Etat de droit au moment où
quelques progrès vers un processus de dialogue et de concertation autour des
foyers semblaient enfin se dessiner.
Propositions
1)
Nous demandons l'arrêt immédiat des interventions policières dans les foyers.
La suroccupation est un problème complexe et le résultat de plusieurs blocages
de la société française qui doit être traitée par le dialogue, la concertation
et la recherche partenariale de solutions pratiques et effectives. Le caractère "domicile privé"
d'une chambre d'un foyer et d'une résidence sociale doit être reconnu par le
législateur et par la justice.
2)
Nous demandons une politique volontariste de la part des gouvernements
responsables (mairies d'arrondissement, maire de Paris, gouvernement national)
visant à relancer la construction ou la création du logement social dans toutes
ses formes afin de permettre, entre autres, le logement correct des familles
immigrées, et le desserrement des résidents des foyers d'immigrés dans de
bonnes conditions.
3)
Nous proposons d'organiser une fête des foyers du 11ème
arrondissement l'après-midi et la soirée du samedi 22 juin visant à mettre en
avant les apports positifs de la population africaine à la vie de la ville
(cuisines collectives, musique, solidarité intergénérationnelle et
communautaire, associations de développement des villages de l'Afrique de l'ouest
etc. etc.).
Une réunion d'organisation
aura lieu mercredi 22 mai à 19h au foyer 5 rue de la Petite Pierre, Paris 11ème,
métro Charonne ou Alexandre Dumas. Toutes les associations ou organisations qui
souhaitent signer ce papier et/ou participer à l'organisation de la fête sont
les bienvenues.
Premiers
signataires : Comité de Résidents du foyer de la Petite Pierre
Attac Paris 12ème, Autre
Monde, Copaf, Gisti, DAL...