Réseau de soutien des foyers de travailleurs migrants                           Paris, le 10 janvier 2005

du 13ème arrondissement de Paris

S/c

 

                                      

                                                 à                         Mr Serge Blisko, député-maire du 13 ème

                                                                            Mme Nicole Borvo, sénatrice

                                                                            Mr Le Guen, député

                                                                            Mesdames et messieurs les conseillers-ères

                                                                            d’arrondissement

 

 

 

                                    Mesdames et messieurs les élus-ues du 13ème arrondissement,

 

 

Notre arrondissement abrite plusieurs foyers de travailleurs migrants.

Un réseau de soutien regroupant  plusieurs associations, organisations politiques ou syndicales et individus s’est organisé depuis plusieurs années avec les résidents et comités de résidents de ces foyers. Pour les participants à ce réseau il s’agit d’être solidaires des habitants de ces foyers.

Ces résidents des foyers sont dans leur immense majorité des travailleurs originaires de l’Afrique de l’Ouest très exploités et très précarisés ; ils vivent dans ces foyers seuls, sans leurs familles restées au pays. C’est leur organisation en mode de vie solidaire qui leur permet de se serrer les coudes, d'aider leurs familles dans les pays d'origine et d’y financer des projets de développement.  Ils sont ainsi des acteurs de développement, des citoyens à part entière de notre arrondissement et par conséquent doivent être respectés et traités comme tels.

 

AUJOURD’HUI les résidents de ces foyers rencontrent 3 grands problèmes.

 

1er problème : la vétusté  et le délabrement de leurs foyers

Dans le 13ème arrondissement, les foyers de Chevaleret 63 (gestion Sonacotra), de Clisson (gestion CAS-Ville de Paris), de Vincent Auriol (gestion Soundiata nouvelle) sont très dégradés. Les foyers de Masséna (gestion CLJT), de Tolbiac (gestion CAS-VP), de Terres-au-Curé (gestion Soundiata nouvelle ) et de Bellièvre (gestion Aftam) auraient besoin d’une sérieuse rénovation.

Par ailleurs, un énorme retard a été pris dans les réhabilitations programmées dès 1997  (! !) dans le cadre du « Plan Quinquennal de traitement des foyers ». Les réhabilitations, qu’elles soient déjà opérées ou non, sont scandaleusement en deçà des besoins : le foyer Masséna, réhabilité, a gardé ses chambres à 3 lits ; le foyer Vincent Auriol qui va être réhabilité cette année va connaître le même sort ; le foyer Sonacotra du 63 rue du Chevaleret avec ses chambres à 3 lits et sa dégradation avancée pourrait être classé en logement indigne et pourtant aucune date n’est annoncée pour sa réhabilitation etc.

Les carences dans l’entretien et la maintenance exposent les résidents à des risques en matière d’hygiène, de salubrité et de sécurité : présence de rats, de cafards, de punaises, de souris,  ventilations des douches et cuisines inopérantes ou obstruées, sanitaires et canalisations hors d’usage, pannes d’eau chaude,  écoulements des eaux usées inadaptés, absence de chauffage dans la cuisine collective du foyer Vincent Auriol etc.

Le réseau de soutien s’est ainsi mobilisé pour que les foyers de travailleurs migrants ne deviennent pas les nouveaux bidonvilles de nos quartiers.

 

 

2ème problème : le montant des redevances

Les redevances sont dans l’ensemble très élevées : 206 € par lit et donc par personne dans une chambre à 3 lits au foyer Masséna (25m²) ; 330 € pour une chambre à 1 lit au foyer Clisson (9m²) etc. Dès que le salaire d’un résident dépasse  le SMIC, les aides (ALS ou APL) sont très faibles et très vite nulles, ce qui donne un « taux d’effort » (rapport redevance/revenu) trop élevé et très dur à supporter pour des résidents qui doivent subvenir aux besoins de nombreuses personnes dans leur pays d’origine et financer les projets de développement villageois.

Il y a là aussi à proposer des mesures pour modérer les redevances et le dit  « taux d’effort ».

 

3ème problème : la  suroccupation 

 Aujourd’hui, les capacités d’accueil des foyers ne répondent plus à la demande et la crise du logement à Paris les touche en premier. De nombreux jeunes sont arrivés au cours des années 90 et un certain nombre ont obtenu leurs papiers, venant ainsi grossir le nombre des résidents surnuméraires attendant, sur un matelas posé à même le sol, un hypothétique logement en foyer ou en HLM.

Les travailleurs immigrés originaires d’Afrique de l’Ouest sont les plus touchés par ce phénomène. Ils s’entassent donc dans leurs foyers où la suroccupation est quasi générale. Les foyers du 13ème sont dans ce cas.

Face à cette situation  la Sonacotra préfère jouer la carte de la menace et de la répression : elle a envoyé  aux résidents du 63 rue du  Chevaleret des mises en demeure pour hébergement supposé de surnuméraires (juin 2003 et  septembre 2004). Elle a fait faire, en décembre 2003, un contrôle d'occupation par des huissiers avec un  déploiement démesuré de forces de police pour traquer la suroccupation. Sans doute faut-il s’attendre maintenant, comme la Sonacotra l’a déjà fait dans d’autres foyers, à des référés en justice pour obtenir l’expulsion hors du foyer des résidents qui hébergent leurs proches. C’est sa manière à elle de régler le problème de la crise du logement.

 

Pour manifester son soutien aux résidents des foyers du 13ème, pour demander une accélération des réhabilitations et un entretien dignes de ce nom, pour demander une vraie politique de logement des gens à faibles revenus en région parisienne, pour protester contre la politique répressive de la Sonacotra, le réseau de soutien du 13ème arrondissement, avec les comités de résidents, la coordination des foyers du 13ème et  le comité de coordination des foyers Sonacotra, a organisé le 20 novembre 2004 un rassemblement devant le foyer Chevaleret suivi d’une manifestation jusqu’au centre commercial de la place d’Italie.

Dans ces manifestations, la présence des élus du 13ème avec en tête son maire, Mr Blisko fut très remarquée et appréciée. Merci à vous tous.

 

Dans cette manifestation, les résidents ont scandé plusieurs mots d’ordre dont : « liberté, égalité, fraternité » mais  aussi : « on veut des foyers, on veut des logements, on veut vivre en paix » ce qui pour nous exprime, on ne peut plus clairement, la revendication du droit au logement pour tous.

Le pays se doit de répondre à cette revendication en augmentant l’offre de logements adaptés que ce soit en logement HLM classique pour un regroupement familial, pour un célibataire ou pour une co-location, que ce soit en habitat collectif.

Il faut alors débattre de ce que devraient être les futures structures d’habitat collectif. 

Tout le monde dénonce la relégation dont ont été victimes les foyers, la petitesse des chambres où l’on peut être 2 ou 3, le montant des redevances, le mauvais entretien ... Il est clair qu’il faudra changer toutes ces données.

 

Il en est une qu’il faut changer tout de suite : c’est l’absence de droits, le paternalisme, l’autoritarisme, le manque de culture de dialogue et de négociation de certains gestionnaires.

 

Ainsi, le comité de résidents du foyer Masséna attend toujours une réunion de concertation avec son gestionnaire.

Au foyer 63 rue du Chevaleret, la Sonacotra utilise un protocole des années 70 (nous vous le joignons pour que vous le compariez avec tout ce qui existe aujourd’hui en France). Elle raye d’autorité sur la liste que l’actuel comité de résidents propose aux élections, le nom d’un des délégués les plus actifs, le président du comité, le vice-président de la coordination ; et cela, alors que la même Sonacotra encaisse les redevances de ce délégué et jusqu’à présent l’a accepté dans toutes les réunions de négociation.

Une brimade donc.

Un protocole d’élections et un règlement intérieur d’un autre âge.

 

C’est pourquoi nous pensons qu’il y a urgence à organiser concrètement la solidarité avec les habitants de notre arrondissement qui vivent en foyers

 

-          pour les soutenir dans toutes leurs actions qu’ils mènent pour le développement de leurs régions d’origine ;

-          pour mettre en place avec eux  toutes les pratiques participatives possibles et renforcer celles qui existent déjà ; de même pour toutes les pratiques de concertation ;

-          pour débattre de l’avenir des foyers dans le 13ème, des réhabilitations faites et à faire et du relogement de ceux qui n’ont pas de chambre ou qui vont la perdre du fait des réhabilitations (plusieurs centaines rien que pour l’arrondissement) ;

-          enfin  pour intervenir de concert dans le débat sur le projet de  loi « Habitat pour tous » qui se prépare en ce moment pour que les travailleurs migrants des foyers soient pris en compte avec respect, que les foyers actuels  puissent être transformés en réels logements collectifs de qualité avec un statut rapprochant leurs habitants du statut de locataire.

 

 

Nous attendons de vous :

·         un engagement fort, face à la crise du logement et à la cherté du foncier, pour que les foyers du 13ème soient correctement réhabilités et entretenus, pour que les desserrements soient effectifs :

          que vous n’hésitiez pas à utiliser votre droit de réquisition pour trouver des solutions de relogement ;

          que le dossier de desserrement de Vincent Auriol soit traité de bout en bout et qu’au besoin soit reconsidéré la possibilité de desserrement sur l’immeuble voisin ;

 

·         des interventions à l’Assemblée nationale et au Sénat, dans le cadre de la discussion du projet de loi « Habitat pour tous » pour faire progresser les droits des résidents, modérer les redevances et augmenter l’offre de logements adaptés et leur qualité ;

 

·         une mobilisation plus importante de la « commission foyers » du 13ème et que sa composition et ses travaux soient largement diffusés ;

 

·         l’organisation d’un « forum foyers » en mairie avec tous les acteurs concernés, élus-es, institutionnels, représentants des résidents, des gestionnaires, des propriétaires, réseau de soutien...etc.

 

·         des interventions auprès des gestionnaires (CLJT et Sonacotra en particulier) pour que s’installent durablement les pratiques de concertation et de dialogue.

                                                                                         

 

 

                                                                                         copie au Maire de Paris

                                                                                                   au Ministre du logement

                                                                                                   à la CILPI

 Pour le réseau de soutien,                                                       à Soundiata nouvelle

 Dominique Blanchard                                                               à Sonacotra

                                                                                                    à CLJT

 

2ème version