Histoire et rôle du Copaf

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Le Copaf est fondé en 1996. Il regroupe des militants, des délégués, des amis de l’Afrique… pour écrire une réponse au rapport d’Henri Cuq, parlementaire désigné par Alain Juppé pour écrire un état des lieux des foyers d’immigrés. Ce brave chiraquien de la droite bourgeoise orthodoxe a saisi l’opportunité pour calomnieusement dénoncer les foyers d'Africains noirs. Pour lui, ces foyers seraient "érigés en zones de non droit, des zones de trafics en tous genres où la loi républicaine est absente." Il appelle à la démolition d'une cinquantaine d'établissements.

Notre réponse est alors faite en deux temps. D'abord nous rédigeons une série de « contre-propositions » qui circule très rapidement. Puis pendant deux ans nous appuyons Michel Fiévet dans la rédaction de son « Livre blanc des travailleurs immigrés des foyers » (Ed Harmattan, Paris, 1999). Peu à peu le Copaf constitue un réseau de soutien aux comités de résidents des foyers, impulsant et accompagnant la mise en réseau de ces comités dans des coordinations Aftam, Soundiata, Sonacotra, Adef, etc.

En novembre 1999, le COPAF organise un colloque à l’Assemblée Nationale qui appelle à une loi donnant le statut de locataires aux résidents des foyers de travailleurs. Cet appel débouche sur l'une des mesures de la loi SRU votée en décembre 2000 : la mise en place de « conseils de concertation » regroupant membres des comités de résidents, représentants des gestionnaires, propriétaires, autorités locales et toute autre personne ayant une compétence reconnue ou demandée. C’était une première reconnaissance légale de l’existence des Comités de résidents et un pas vers la reconnaissance de la nécessité d’un dialogue démocratique dans les foyers.

À partir de 2000, le Copaf appuie les coordinations tant par gestionnaire que par arrondissement (à Paris) ou par ville(s) en banlieue (11ème, 13ème, 20ème, 19ème, Saint Denis, Plaine Commune). Lors des contrôles d'occupation menés par des huissiers accompagnés par des forces de police en nombre qui commencent dans certains foyers dès 2002 (le foyer de la rue de la Petite Pierre, Paris 11ème, le foyer Amandiers, Paris 20ème) il participe à la défense des résidents attaqués, et à la mobilisation pour alerter les associations et élus locaux du danger que les résidents encourent. Le Copaf a aussi participé à des initiatives organisées par des associations gestionnaires (Soundiata, Aftam), des « Portes ouvertes » organisées par des comités de résidents. L'association a proposé des actions notamment autour de projections de films dans les espaces collectifs des foyers afin d’encourage un débat, soit entre les résidents, soit avec les habitants des quartiers mobilisables à travers le tissu associatif local.

Depuis ses débuts, le Copaf attire l'attention des pouvoirs publics et tous les acteurs du logement social sur l'inégalité des droits entre résidents des foyers ou résidences sociales et locataires. Nous avons organisé trois autres colloques (2006, 2010, 2013) dont les actes sont disponibles sur ce site pour interpeller les parlementaires et promouvoir des changements dans la loi. Une petite avancée sur deux points - garanties sur la vie privée et le statut du comité de résidents - a été obtenue du Ministre du Logement, Cécile Duflot, lors du passage de sa loi ALUR en 2013.

Ces avancées sont de loin trop timides, et de grandes inégalités persistent, d'autant plus que les pouvoirs publics semblent avoir décidé qu'ils réservaient les résidences sociales et les logements foyers aux précaires et aux pauvres, populations qui ne devaient pas jouir du droit commun en ce qui concerne l'occupation de leur résidence principale. Qui plus est, le programme de rénovation des foyers de travailleurs immigrés, et la transformation des foyers en "résidences sociales", semblent viser à terme la destruction des communautés immigrés qui y habitent, et le "remplacement des populations existantes" par une masse d'individus atomisés qui auront du mal à tisser les liens sociaux nécessaires pour un combat collectif.

Le Copaf est un interlocuteur reconnu par l'ensemble des partenaires, que ce soit l’Unafo (la fédération des gestionnaires des foyers), les gestionnaires, les institutions et les délégués. Mais sa ligne de fond reste celle d’être un soutien et un appui aux délégués et aux Comités des résidents. Pour le Copaf, le dialogue autour des foyers de travailleurs immigrés passe inéluctablement par la reconnaissance et la valorisation des organes de représentation que les résidents se donnent eux-mêmes, la création et la tenue d'instances de concertation régulière et formalisée.

février 2015