Jeudi 16 octobre 2025 à 9h du matin, le foyer « Mûriers », 16 rue Fernand Léger, Paris 20ème, à côté du métro Père Lachaise et à la lisière du quartier Troënes Amandiers, réputé « difficile ». Les résidents sur place, majoritairement des retraités, sont descendus et stationnent devant l’entrée. Ils sont rejoints par des militants de soutien, des membres de « 20ème solidaires de tou-te-s les migrant-e-s », des antifa, des habitants proches.
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L’enjeu ? Bloquer le foyer au personnel de Coallia et notamment à la « responsable de résidence » avec qui les résidents n’arrivent pas à se mettre d’accord. Leurs rapports se sont dégradés sensiblement et régulièrement pendant les deux ans que cette personne est sur place. Son comportement, son manque de réactivité, ses expressions d’énervement et d’impatience ont fini par lasser. Une engueulade avec le président du Comité de résidents constitue la goutte d’eau faisant déborder la vase, et les résidents ont émis un ultimatum à la direction de Coallia : à partir du 15 octobre2025, ils ne voulaient plus la voir dans le foyer.
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Vers 9h40, elle monte la rue Fernand Léger en compagnie d’un technicien. Les deux sont surpris et décontenancés par l’accueil et l’interdiction d’entrer dans le bâtiment. Coups de téléphone. Après une petite demi-heure, arrivée des policiers en civil du Commissariat du 20ème qui essaient de comprendre l’enjeu de la protestation. On leur explique. Ils essaient de trouver un arrangement qui permettrait à la gérante d’entrer dans son bureau, mettant fin à la « trouble à l’ordre publique » créée par l’obstruction à une salariée l’empêchant d’occuper son poste de travail. Dialogue de sourds, puis vers 11h arrive l’adjoint du directeur territorial de Paris pour Coallia, M. Merak, enfin disposé à discuter. Compromis trouvé pour la place de la gérante, elle est toujours interdite de son bureau mais elle peut participer à la discussion sur son comportement.
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Au bout d’une heure de demi de dialogue, la demande, émise par la gérante elle-même depuis un bout de temps, de changer de lieu de travail sera entendue. Un dialogue mensuel sera mise en place entre celui ou celle qui s’occupe de la gestion et le comité de résidents afin d’éviter les malentendus. Et, on nous rassure que, pour M. Merak, « ma porte est toujours ouverte ».
Le blocage est levé et le rassemblement se disperse.
Le mardi 20 octobre 2025, 14h de l’après-midi, cette fois devant le siège social de Coallia. Le délégué porte parole du Comité de résidents a été convoqué pour une discussion de « médiation » au siège. En cause, le caractère jugé inadmissible ou violent de ses propos lors d’un échange avec la dite gérante et un collègue. Le mot « connard » aurait fusé ! La lettre de convocation prend le ton pesant d’une convocation devant un tribunal. Il est décidé de ne pas laisser le délégué en question aller seul dans ce qui ressemble à une situation de piège. Les autres résidents, les soutiens vont l’accompagner.
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Cette belle journée de mobilisation joyeuse rappelle le rôle social essentiel des espaces collectifs de foyers à l'échelle du quartier. Le Copaf soutient la lutte menée par les résidents, les cantinières du foyer Branly ainsi que par les montreuilloises et montreuillois solidaires. Nous continuons à nous tenir aux côtés des résidents de foyer qui luttent pour des conditions d'habitat dignes, pour le respect de leurs droits et pour la préservation de l'organisation autonome collective et solidaire des foyers.
Nous sommes une trentaine devant Coallia. Le délégué entre dans le bâtiment accompagné par deux soutiens. Au résultat de l’entretien, ni la personne de Coallia qui s’est plaint, ni le délégué ne se sont excusés, s’estimant chacun de leur côté dans leur bon droit de répondre de façon musclée à ce qui est ressentie comme une provocation de l’interlocuteur. Et finalement, l’affaire est « classée », aucune menace d’expulsion ou de mise en garde va suivre.
Dans l’ensemble de cette histoire, ce qui frappe, c’est la pertinence et l’utilité d’une réaction collective aux situations mettant un résident ou un habitant d’un foyer en danger. La solidarité paie. L’action collective paie. Et elles contribuent à créer un climat d’entraide et de secours mutuel qui ne peut qu’être bénéfique à tous les habitants des foyers.
Compte rendu de la discussion chez Coallia le 20 octobre 2025