D’une part, la campagne de contrôles et d’expulsions pour
« hébergement illicite de tierces personnes » continuent sans pause chez Adoma et dans une moindre mesure
chez d’autres gestionnaires. Comme Adoma – filiale de CDC Habitat – possède et gère la moitié
du parc de logements foyers en France, cela concerne beaucoup de résidents.
Cette campagne cible notamment les personnes âgées, les retraités qui passent leur temps dans
des allers retours entre le village et le foyer. Notamment mais pas uniquement.
Des travailleurs actifs, quadragénaires et cinquantenaires, sont aussi ciblés dès
que le personnel gestionnaire ou technique repère qu’il y a des signes d’hébergement. Sont victimes aussi
les jeunes, les nouveaux arrivés, les personnes ayant du mal à trouver un logement, tous ces hébergés qui choisissent ou qui sont obligés d'accepter
l'hébergement solidaire des proches pour trouver un toit.
Fin septembre, sous l’impulsion des délégués et des résidents du foyer Adef Amandiers-Troënes, avec les voisins, les élu-e-s de la mairie et la députée,
avec les associations de solidarité, un mouvement s’est constitué contre l’expulsion d’un vieux et son fils, Messieurs Djibi et Abou Niabily. Ces personnes ont été réinstallées
dans leur chambre suite à leur expulsion et le foyer a été bloqué pendant une semaine pour le personnel gestionnaire de la société Adef-Habitat
jusqu’à ce que des négociations puissent aboutir à une sorte de compromis fragile. Adef accepte que les Niabily restent dans leur chambre jusqu’à la fin de la trêve hivernale.
Par ailleurs, les services sociaux de la Mairie du 20ème arrondissement essaient de leur trouver un autre logement. Cette « semi-victoire » laisse néanmoins un goût amer.
On aurait pu continuer le mouvement jusqu’à signature d’un nouveau contrat entre les Niabily et le gestionnaire, mais comme les actions solidaires ont un coût,
en termes d’énergie humaine et heures de travail perdues, les délégués ont préféré s’en tenir là.
Mi-octobre, trois expulsions ont lieu au foyer Adoma Riquet dans le 19ème arrondissement, deux retraités et un travailleur. Aucune réaction de la part des résidents,
mais la députée de la circonscription, Danièle Obono a manifesté sa colère auprès de la direction d’Adoma.
D’autres expulsions ont récemment eu lieu aux foyers Faubourg Saint Martin, Péan, Amiral Mouchez et Commanderie. Le 7 novembre a lieu le procès pour expulsion de Hamady Diallo, résident du foyer 63 rue du Chevaleret,
tout juste 90 ans d’âge, et qui est motivé par le fait qu’il est accompagné dans sa chambre par son petit-fils.
Tout ceci a poussé Fatoumata Koné (conseillère Paris 19ème) et Ladji Sakho (conseiller Paris 20ème) à déposer chacun un vœu soumis au vote de leurs conseils municipaux
et qui demande explicitement la fin des expulsions pour hébergement.
Par ailleurs, les nouvelles concernant la modification des règles
et du renouvellement des titres de séjour sont inquiétantes.
Entre le refus de renouveler les cartes pluriannuelles à cause des exigences de maîtrise de la langue
qui ne cessent d’être poussées à la hausse,
et la limitation à trois le nombre de renouvellements des cartes d’un an,
c’est à un véritable massacre des droits que le gouvernement nous prépare.
Évidemment, une annonce d'intention ne signifie pas forcément ou immédiatement une transformation de la politique ou des
pratiques administratives. Les mobilisations peuvent et doivent encore peser. Comme le 7 novembre au foyer Bisson,
pour les proches du 20ème arrondissement, ou le 18 décembre, journée internationale des migrants, pour les
manifestations partout en France.
Mais au regard du rapport de forces parlementaire de ce pays, au regard du succès et de l’influence
des campagnes droitières et fascisantes des médias aux mains des milliardaires réactionnaires, il y a bien lieu de s'inquiéter... et de se mobiliser.
Le 1er novembre 2024